Le dernier épisode d’ How I met your mother a été diffusé il y a tout pile dix ans aux Etats-Unis, le 31 mars 2014. Cela fait donc dix ans qu’il n’y a plus d’inédits, et pourtant je continue de re-mater encore et encore cette série, qui est ma véritable zone de confort, et dont les personnages et leur évolution m’ont offert des vraies leçons de vie. Après une énième rediffusion, et me rapprochant de l’âge des protagonistes de la série, je commence à me comparer à eux...
Pleurs, rires et privates jokes, How I met your mother n’est pas seulement une sitcom, c’est aussi un petit bonbon sucré pour la génération née trop tard pour aimer Friends (série grave surcotée au passage:)), comme l’indique une super vidéo réalisée par des fans à l’occasion de l’anniversaire du dernier épisode : « everytime I need a smile on my face, this is my to-go show », « you can learn from them », «they are the most relatable, funniest and creative characters ». Je partage avec tous ces fans un amour inconditionnel pour cette série, qui, en grandissant, a forgé en partie mon humour, ma conception de l’amitié, ainsi que mon attache au « destin », comme le narrateur Ted Mosby, toujours persuadé que les choses arrivent si elles doivent nous arriver. Cette série a donc fait bien plus que seulement me divertir, elle a participé à faire de moi la personne drôle, optimiste et loyale que je suis maintenant.
Moment flex, quand cet article que j’ai écrit pendant mon stage de 1re a été publié (malgré mon refus et sans me prévenir:/) dans l’édition papier du journal 20 Minutes en 2018. Je n’ai toujours pas reparlé à ma mère depuis cette brouille :) (oui, j’ai osé dire plus haut que je suis drôle)
Une leçon que je retiens en me comparant aux personnages de la série est que ma pression de la vingtaine est infondée. Sans essayer de justifier ma lose actuelle par le fait d’avoir « seulement » 22 ans, cela me rassure de voir que le niveau de vie confortable et les responsabilités professionnelles arrivent pendant la trentaine, et qu’il est normal de ne pas se sentir pleinement adulte à mon âge. L’année après son diplôme de fac, Marshall travaille dans une boutique de fringues et n’arrive pas à entrer en école de droit à Colombia. Quinze ans plus tard, il est en passe de devenir juge. J’ai réalisé aussi que la vingtaine est une époque géniale pour traîner avec ses amis et faire la fête tout en restant seul dommagé si l’on fait des erreurs : sans taf, ni mec, ni gosse, je ne risque donc pas d’affecter les autres avec mes bêtises. Si l’on en croît l’évolution des cinq personnages principaux de la série, c’est plutôt la fin de la vingtaine qui est une période de vie si riche en bouleversement que chaque année est totalement différente : à trente ans, certains seront mariés avec enfants, d’autres seront en train de monter les échelons de l’entreprise, d’autre laisseront tout pour partir vivre à l’autre bout du monde. Cependant, je remarque que les personnages, vingtenaires dans les premières saisons, ont une certaine insouciance, un côté « grand enfant » qu’il ne nous est plus permis de garder, nous les vingtenaires d’aujourd’hui.
D’autres éléments de la série me font reconnaître que je suis assez vieille pour rire de blagues datées. Ainsi, pas besoin d'être hyper déconstruit pour remarquer que le personnage de Barney Stinson - aussi attachant qu’il soit, et interprété par le green flag ambulant, Neil Patrick Harris - est hyper problématique, et qu’un personnage comme cela ne serait juste plus toléré à l’heure post #Metoo. Dans le même temps, l’éco-anxiété de Marshall Eriksen, (qui rêve depuis petit d’être avocat en droit de l’environnement) est d’autant plus remarquable maintenant qu’une plus grande partie de la population est touchée par celle-ci. Traitée sous le ton de la blague, l’éco-anxiété dont le personnage fait preuve au début des années 2010 est un élément auquel on sera sensible en regardant la série dans les années 2020. Il est donc impensable qu’un show comme How I met your mother existe à nouveau, car l’époque n’est plus à l’insouciance, mais à l’inclusion et à l’action politique. Non pas que ça ne soit pas bien, mais cela devient très central dans les séries américaines d’aujourd’hui, quitte à oublier le scénario. On l’a d’ailleurs vu avec le spin-off d’HIMYM, How I met your father, qui est si policé qu’il a perdu tout le charme de la série originale et ne peut pas nous faire décrocher un sourire.
Alors voilà, peut-être que quand je ferai regarder How I met your mother à mes enfants, ils me prendront pour une énorme boomeuse, mais je ne cesserai certainement pas d’aimer ce show, vestige d’une époque révolue, celle de mon enfance. Je pense qu’il me reste beaucoup à apprendre de cette série, qui me rassure en tant que vingtenaire un peu paumée. Après tout, même si le contexte actuel est moins prompt à l’insouciance qu’à l’époque 2005-2014, les personnages restent confrontés à des situations universelles -notamment en termes de relations sociales et de choix de vie décisifs - auxquelles nous nous retrouverons sûrement un jour confrontés.
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