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Champ libre: de la fierté d'être fonctionnaire

Dernière mise à jour : 18 févr. 2022


Valérie Pécresse propose de supprimer 200 000 postes de fonctionnaires dans l’administration "administrant" (ainsi que dans l'administration administré administrant l'ad-ministre). Cela m’a décidé à écrire sur ces petites fourmis de la fonction publique, qui portent le quotidien du pays - rien que ça.


J’ai l’impression que le statut de fonctionnaire s’apparente à un gros mot chez les "élites" des grandes écoles, et à une position confortable d’utilité publique dans les universités. Sûrement d’ailleurs, parce que le système est tellement déglingué que l’on estime qu’une personne qui sort de l’école publique a vocation à poursuivre dans le public toute sa vie. Alors que maintenant, pour être ambitieux, il faut vouloir travailler dans le privé. C’est ce message qui est diffusé par les politiques de droite -à commencer par notre président- qui se réjouissent de savoir que les jeunes veulent devenir entrepreneurs (entendre livreurs UberEats) plutôt que fonctionnaires.


À tous les niveaux, le fonctionnaire est sujet à des brimades. Je ne suis d’ailleurs pas la dernière pour faire des blagues sur les horaires de travail des fonctionnaires (coucou maman!). Parfois même, ces brimades s’apparentent à des menaces. Mon père : "Si tu ne travailles pas à l’école tu vas devenir fonctionnaire de classe B, comme ta mère !". Je peux vous dire que j'ai charbonné sur mes devoirs ce soir là (non).


Oublions un instant tout titre de noblesse, de monsieur le fondateur de start-up. Etre fonctionnaire, c’est se garantir une sécurité de l’emploi. Une sécurité émancipatrice qui dérange. On préfère maintenir les gens dans l’instabilité, à coup de stages, de CDD et d’horaires flexibles, avec toujours cette crainte du remplacement, qui selon moi est liée à l'adhésion aux théories fumeuses d'extrême-droite ("ils nous prennent nos emplois"). Au contraire, une fois dans la fonction publique, a priori, sauf faute grave, on ne risque pas de se faire virer du jour au lendemain. C’est ça qui permet de voir loin dans la vie, plutôt qu’être aux bottes des multinationales, qui regardent leurs employés se bouffer entre eux.


Et pourtant ce n’est pas facile de travailler pour un service public laissé à l’abandon, dont les techniques de management n'ont rien à envier à celles des pires entreprises privées (on ne va pas refaire l'historique des suicides à France Télécom après l'entrée en bourse et la privatisation). Bosser dans le service public, c’est subir un management toxique, orchestré par pleins de petits patrons sortis de Sciences Po. Parachutés dans des services ministériels dont ils n’ont aucune maîtrise, leur principale tâche sera de claquer pour 100 000€ par an en petits-fours et tout autant en notes de restaurant. Merci l’argent public !


Notre énarque Valérie ne touchera pas à ces hauts fonctionnaires qui se goinfrent. Non, elle, sa cible, c'est le "petit" fonctionnaire. À mon humble avis, c'est lui le véritable gardien des valeurs françaises. Recruté sur concours, disposant d'une certaine stabilité de l'emploi, devant gérer et mettre en concurrence des marchés publics, il en est même la plus belle représentation - liberté, égalité, fraternité. Heureusement que la droite, sacro-sainte défenseuse des valeurs françaises, s'acharne à réduire en cendres la fonction publique. S'il faut encore trouver une qualité au fonctionnaire que la personnalité politique n'a pas forcément, c'est qu'il est obligé de payer ses impôts, il ne peut rien cacher en Suisse le bougre!


Finalement, et c'est là la partie la plus importante de mon argumentaire, être fonctionnaire est un moyen de ne pas participer au monde capitaliste et à la croissance infinie : entre devenir fonctionnaire ou devenir sale and brand benchmark manager for les cookies Michel et Augustin, le choix du métier utile est évident. Au niveau des salaires en revanche, ça se discute... ENFIN BREF, le fonctionnaire est vital pour notre pays, il n'est pas une variable d'ajustement. Et FILLON RENDS L'ARGENT!


Peut-être serait-il temps d’estimer le fonctionnaire ? A Utopie land, peut-être pourrions-nous tous œuvrer pour le bien commun en devenant agent du service public :) [emoji licorne multicolore]



PS: le montage photo de qualité est de moi

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